Chausses-trap(p)es de la langue française       Retour à l'accueil général
 
Peu vous en chaut ? Peut-être. Mais, entendant et lisant pas mal de fautes de français, j'ai eu envie de les recenser et d'écrire cette page. Parce qu'il faut dans ce pays de la rigueur, encore de la rigueur, toujours plus de rigueur ! ;-) (en faisant "avancer la tradition", quand même, avec quelques "smileys").
Et pourquoi chausse-trap(p)e ? Car l'un ou l'autre s'écrit ou s'écrivent.
(Si une faute s'est malencontreusement glissée dans ce site, merci de me la signaler.)

J'ai classé les sections par ordre alphabétique dans chacune des deux parties, grammaire et orthographe, la répartition entre ces deux parties étant parfois un peu arbitraire.
Convention : les expressions justes sont soulignées, et les expressions fautives sont en italique.
L'orthographe est donc très présente sur ce site (voir la musique pour "Orthographe renforcée" et le championnat de France d'orthographe) !


 Grammaire 
 
 -il, -elle 
On ne doit pas dire "Combien de tours ont-elles été construites sur ce modèle ?" mais "Combien de tours ont été construites sur ce modèle ?". Le sujet de la phrase, "combien de tours", est déjà interrogatif, "-elles" ne sert à rien.
On n'ajoute "-elles" que quand c'est utile, c'est-à-dire quand cela sert à distinguer la phrase interrogative d'une phrase déclarative. Exemple : "Ces tours ont-elles été construites sur ce modèle ?". Ou "Pourquoi ces tours ont-elles été construites sur ce modèle ?".
 après que 
"après que" doit être suivi de l'indicatif, pas du subjonctif : l'action étant présentée comme passée, elle n'est pas hypothétique. A l'inverse, "avant que" est suivi du subjonctif, l'action étant hypothétique.
On dit donc "après qu'il a mangé", pas "après qu'il ait mangé".
On peut dire aussi "après qu'il eut mangé" (passé antérieur de l'indicatif), qui ne s'écrit pas "après qu'il eût mangé" (subjonctif passé).
 espèce de 
"espèce" étant un nom féminin, il faut dire "UNE espèce de clavier", pas "un espèce de clavier" ! De même, on dit "une sorte de".
 est-ce que 
- On dit "Quand est-ce qu'il arrive ?" mais "Sais-tu quand il arrive ?", pas "Sais-tu quand est-ce qu'il arrive ?", car on n'inverse pas le verbe dans les propositions interrogatives indirectes.
- On ne dit pas "Qu'est-ce qu'apporterait l'informatisation ?", mais "Qu'est-ce que l'informatisation apporterait ?" ou "Qu'apporterait l'informatisation ?". En effet, "est-ce que" sert à poser une question tout en conservant l'ordre des mots d'une phrase déclarative ; c'est donc un non-sens de l'utiliser avec une inversion sujet-verbe.
 laquelle 
Le pronom relatif "lequel" s'accorde en genre et en nombre avec le nom qu'il remplace. Il faut donc dire "la phrase à LAQUELLE je fais allusion", pas "la phrase auquel je fais allusion".
 près de / prêt à 
Il ne faut pas confondre "être près de faire quelque chose" et "être prêt à faire quelque chose".
On dit par exemple "J'ai été bien près d'oublier ça" (=j'ai failli oublier ça) mais "J'étais prêt à m'y risquer" (=j'étais disposé à m'y risquer).
 quel que + être au subjonctif / quelque + adjectif 
On écrit "quel qu'il soit, je n'en veux pas" mais "quelque indulgent qu'il soit, il ne nous pardonnera pas".
 quelque + nombre / quelques + nom 
On écrit "quelques millions de chômeurs" mais "quelque 3 millions de chômeurs"
1er cas : "quelque" peut se remplacer par "plusieurs"
2ème cas : "quelque" peut se remplacer par "environ".
 quoique / quoi que 
Il faut distinguer "quoique" = "bien que" et "quoi que" = "quelle que soit la chose que". Exemples : "Quoique la soupe ne soit pas bonne, j'en mange", mais "Quoi que tu fasses, tu n'y arriveras pas".
 succédé 
On écrit "Les années se sont succédé", pas "succédées".
Car les années ont succédé à elles-mêmes, complément d'objet indirect.
 tout/toute, tout/tous 
On dit "toute peureuse" mais "tout apeurée".
"ils sont tout peureux", "ils sont tout apeurés" = très peureux, très apeuré
"ils sont tous peureux", "ils sont tous apeurés" = tous sont peureux, tous sont apeurés.
Cette distinction ne se fait pas au féminin pluriel : "elles sont toutes peureuses" peut signifier aussi bien "toutes sont peureuses" ou "elles sont très peureuses".
 un des ... qui 
On ne doit pas dire "Toto est un des joueurs qui a le plus brillé" ni écrire "C'est l'une des raisons qui explique" mais :
"Toto est un des joueurs qui ont le plus brillé", "C'est l'une des raisons qui expliquent".
 
 
 
 
 Orthographe, vocabulaire 
 
 a priori 
On doit écrire "a priori", "a posteriori", "a fortiori", pas "à priori" ni "à posteriori" ni "à fortiori". Il s'agit en effet non pas de la préposition française, mais de la préposition latine a (ab devant voyelle).
 acquit de conscience 
On écrit "par acquit de conscience", pas "acquis" : l'expression ne signifie pas "pour acquérir de la conscience", mais "pour être quitte avec sa conscience".
 aiguë 
Le féminin de "aigu" s'écrit "aiguë", pas "aigüe". Le tréma sert à indiquer qu'il faut prononcer séparément les deux voyelles consécutives, comme s'il y avait un "h" entre les deux, et se met sur la deuxième voyelle. On écrit de même "ambiguë", "ambiguï", "naïf"...
 (au jour d') aujourd'hui 
Dire "au jour d'aujourd'hui", c'est ne pas craindre de se répéter fort inutilement. Il vaut mieux dire soit simplement "aujourd'hui", soit "à ce jour". Etymologiquement, le premier "aujourd'" est déjà inutile, "hui" venant du latin "hodie" qui signifie "aujourd'hui" ; mais "hui" tout court serait peu compréhensible.
 champ 
On écrit "un champ", pas "un champs".
 aréopage 
On doit dire aopage, pas aéropage.
Rappelons que ce terme désigne une réunion de gens savants. Le niveau d'une telle réunion peut certes voler haut dans les airs, mais ce mot tire en fait son origine de la colline d'Arès.
 çà et là 
On écrit "çà et là", pas "ça et là".
"çà" signifie "ici", tandis que "ça" est la contraction de "cela".
 différend/différent 
Il ne faut pas confondre l'adjectif "différent" et le nom "différend", signifiant "désaccord".
Exemple : "Ces associés ont des caractères si différents qu'ils ne cessent d'avoir des différends".
 dû 
On écrit "Cela m'est dû" mais "Cette somme m'est due", "Ces arriérés me sont dus", sans accent circonflexe.
L'accent circonflexe ne sert ici qu'à distinguer le participé passé du verbe devoir de du=de+le.
 empreint/emprunt 
On peut affirmer, sans se montrer emprunté, que "être empreint de" n'est pas emprunté au verbe "emprunter", mais dérive du verbe "empreindre" = "imprimer".
Exemple : "Ce meurtre est empreint de mystère : on a retrouvé des empreintes de doigts mais pas trace d'emprunt d'argent".
 fond/fonds/fonts 
Ne confondons pas fond=bas, fonds=argent et fonts=bassin.
Exemple : "Peu après avoir été portée sur les fonts baptismaux, cette jeune pousse s'est retrouvée au fond du trou par manque de fonds."
 fruste 
On dit "un homme fruste", pas "un homme frustre".
Il ne faut pas confondre l'adjectif "fruste", signifiant "grossier, sans culture" avec le verbe "frustrer". Même si la compagnie d'un homme fruste peut être frustrante.
 presque 
"presque" ne s'élide pas. On écrit "presque au point", pas "presqu'au point".
En revanche, "puisque" s'élide : "puisqu'ils sont au point".
 nombres 
- Il ne faut pas ajouter inconsidérément un "s" aux nombres : on dit par exemple "huit avions", pas "huits avions".
Exceptions : vingt et cent prennent un "s" lorsqu'ils sont précédés d'un multiple et qu'ils ne sont pas suivis par un nombre.
Exemples : vingt, vingt-deux, quatre-vingts, quatre-vingt-deux ; cent, quatre cents, quatre cent deux.
- Autre règle : on met des traits d'union entre les chiffres lorsqu'ils sont inférieurs à cent et qu'ils ne sont pas reliés par "et".
Exemples : vingt et un, vingt-deux, trois mille sept cent cinquante-trois.
 résoudre/solutionner 
Le verbe "résoudre" existe, sa conjugaison est certes irrégulière, mais ce n'est pas une raison pour employer l'horrible "solutionner".
 soi-disant 
On écrit "soi-disant", pas "soit-disant". Un soi-disant médecin est quelqu'un qui se dit médecin.
Une chose inanimée ne pouvant pas parler, il vaut mieux dire "un prétendu diamant" que "un soi-disant diamant".
 stricto sensu 
On écrit "stricto sensu", pas "stricto sensus" (il s'agit de l'ablatif de la 4ème déclinaison en latin).
 tache/tâche 
Ne confondons pas tache=salissure et tâche=travail, ça ferait tache ;-) : on fait une tache mais on effectue une tâche.

Retour à l'accueil général   Reproduction : (c) Renaud Plathey
Dernière mise à jour : 12 avril 2009